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« Le premier objectif, c’était remettre de la couleur ».


Journaliste sport

Le 16 août 2024 par Stéphane Magnoux


Issu du football professionnel, Nicolas Rabuel a succédé à l’intersaison à Fabien Tissot à la tête de l’équipe-fanion d’Épinal. Ce dernier n’a pas résisté à la relégation en National 2, un an seulement après s’en être extrait. Une nouvelle ère a commencé au stade de la Colombière.


Nouvel entraîneur d’Épinal, Nicolas Rabuel, 46 ans, présente une solide carrière de joueur avec plus de 300 matchs chez les professionnels, en Ligues 1 et 2 et National dans des clubs comme Nancy, Rouen, Cannes, Nîmes et Boulogne-sur-Mer. Il est ensuite devenu recruteur dans le club du Pas-de-Calais avant de se tourner vers l’entraînement avec Valenciennes pendant près de dix ans et dans différentes missions jusqu’à coacher en Ligue 2 lors de l’exercice 2022/2023. Après une saison blanche, le technicien du SAS compte apporter sa connaissance du monde pro à une équipe qui aspire à retrouver rapidement le National.


Qu’est-ce qui vous a séduit dans le projet spinalien ?


Dans un premier temps, j’ai beaucoup échangé avec Jean-Yves Collin (le vice-président et directeur sportif du SAS) qui était chargé de trouver un nouveau coach. À distance, je sentais une connexion et un alignement entre ce que le club voulait et comment je vois le fonctionnement d’un club. Les discussions ont avancé et j’ai voulu passer à la dernière étape : me déplacer pour sentir les choses et valider ou pas mon ressenti. J’ai passé une journée à Épinal pour visiter les installations et découvrir la ville. Mon ressenti était bon alors j’ai donné mon accord aux dirigeants pour travailler ensemble.


« Pour être performant sur le terrain, il faut déjà que le vestiaire vive bien »


Passer d’un club professionnel comme Valenciennes à une structure amateur comme Épinal n’est jamais évident. Qu’avez-

vous pensé des installations du SAS ?


En termes d’infrastructures, c’est incomparable, mais le projet est global par rapport à ce que veut faire le club avec les jeunes, les joueurs locaux… J’ai senti un enracinement fort et des joueurs avec la fibre locale. La philosophie du club, c’est « grandir ensemble ». On a fait un état des lieux rapide des infrastructures pour voir ce qui pourra évoluer dans le temps. Le premier chantier, c’était le staff et l’équipe. Ensuite, on a essayé d’améliorer le quotidien. On a déjà été entendu par les dirigeants et les services municipaux avec de petites modifications à Soba pour que le lieu où on s’entraîne devienne un centre de vie. On a aménagé une salle où les joueurs peuvent prendre le café le matin avec le staff. On a aussi réhabilité un vestiaire en salle de musculation et organisé une salle médicale où les joueurs peuvent faire leurs soins avant les séances. C’est ma conception et c’est aussi pour cela que je parle d’alignement avec ma direction.


Pour être performant sur le terrain, il faut déjà que le vestiaire vive bien. Il faut donc créer ces petites cellules de vie, où les gens peuvent discuter ensemble et pas forcément de foot. L’idée, c’est donner envie aux joueurs d’arriver plus tôt aux séances et rester après. Si on a simplement un vestiaire où les joueurs se changent, vont sur le terrain, rentrent du terrain, prennent leur douche et retournent chez eux, il n’y pas de cohésion. Si les hommes ne se connaissent pas, c’est plus dur et long de créer des connexions sur le terrain. J’ai été suivi là-dessus, mais si on veut pousser vers le haut niveau, il y a encore beaucoup de chose à mettre en place.


Quand un coach arrive dans un club, l’une de ses premières missions, c’est rencontrer les joueurs en place…

Après ma première journée à Épinal, je suis revenu une semaine complète. J’ai d’abord rencontré le staff et le lendemain, les joueurs. J’ai reçu ceux qui étaient sur place et appelé les autres. J’ai expliqué mon projet de jeu et mon projet de vie afin que tout soit clair dès le départ et le cadre rapidement posé. Il fallait aussi que les joueurs puissent s’exprimer sur le passé et surtout se projeter sur l’avenir. Je voulais être convaincu que ceux qui restaient le faisaient pour de bonnes raisons. Après ces échanges, on a mis en place les matchs amicaux, la préparation, le mode de fonctionnement… Cette première semaine a été chargée, mais constructive.  


Dans quel état d’esprit avez-vous trouvé le groupe à votre arrivée ?

J’ai senti une certaine détermination, mais j’ai demandé une chose aux joueurs : que le 7 juillet, pour la reprise de l’entraînement, on parle de 2024/2025 et plus de la saison passée. Lors de ma première semaine à Épinal, j’ai eu le sentiment qu’on vivait en noir et blanc et dans le passé. Le premier objectif, c’était remettre de la couleur et penser à l’avenir. Il fallait évacuer la frustration de la saison passée. Si on reste dessus, c’est contre-productif. J’ai entendu ce que les joueurs avaient à dire, mais dès le 7 juillet, je voulais me projeter sur l’avenir. C’est le meilleur moyen de rebondir.


« Quand on n’est pas en poste, on suit les matchs avec plus de détente et l’analyse est plus pertinente. Cela m’a permis de peaufiner mon projet de jeu »


Malgré la relégation en National 2, on n’a pas assisté à une révolution complète dans l’effectif…


Quand j’ai eu la proposition d’Épinal, j’ai regardé beaucoup de matchs collectivement puis individuellement sur les joueurs pour faire une sorte d’audit sportif. Il y avait deux stratégies : profiter de la relégation et de la fin de contrats de nombreux joueurs pour repartir à zéro ou s’appuyer sur le socle existant. J’ai choisi la seconde option. J’ai estimé qu’il y avait un potentiel à exploiter. L’idée était de garder un maximum de joueurs de la saison passée. Je voulais m’inspirer d’Auxerre et Angers quand ils sont descendus en Ligue 2. Ils ont conservé leur ossature et l’ont complété par 4, 5 ou 6 recrues pour performer la saison d’après. J’ai pris le temps de discuter avec tous les joueurs pour leur exposer le projet. À partir du moment où, sportivement, ils étaient d’accord, j’ai donné la main aux dirigeants pour qu’ils entament les discussions contractuelles. L’offre transmise aux joueurs, on leur a laissé une semaine de réflexion. Si c’était oui, tant mieux et on se serrait la main pour travailler ensemble. Si c’était non, on se serrait aussi la main, mais je passais à autre chose.


Comment avez-vous vécu la saison passée durant laquelle vous étiez sans club ?

J’ai observé beaucoup de matchs ! Quand j’ai vu que la saison commençait, je me suis dit que, malheureusement, il allait falloir attendre le licenciement d’un collègue pour éventuellement trouver un poste. C’est le lot des entraîneurs. Je l’ai abordé de manière positive. C’était la première fois que je ne n’étais pas en poste depuis 35 ans quand j’étais entré en sport-études. J’ai eu du temps pour moi. Même si c’était un cas de force majeure, c’était du temps qui m’était accordé. J’ai profité de ma famille, de mes amis. Le week-end, je me suis infusé beaucoup de matchs de Ligue 1, de Ligue 2, de National, de National 2… Cela a été hyper-enrichissant. J’ai pu regarder ces matchs à tête reposée.


Quand on n’est pas en poste, on suit les matchs avec plus de détente et l’analyse est plus pertinente. Cela m’a aussi permis de peaufiner mon projet de jeu. Finalement, cela a été une année très riche. Je l’appréhendais un peu et pensais que ce serait difficile. Certains collègues avaient très mal vécu leurs périodes d’inactivité. J’ai profité, j’ai voyagé et vu beaucoup de matchs. Cela a été une grande bouffée d’oxygène.

Titulaire du BEPF depuis mai 2023, Nicolas Rabuel - entraîneur Valenciennes FC (Ligue 2) lors de la saison 2022-2023 avant d’être remercié au mois d’avril.


L’ex-défenseur était à la recherche d’un nouveau challenge depuis. Il remplace donc Fabien Tissot, à qui il restait pourtant deux ans de contrat avec le club des Vosges.

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